Congrès du Jeûne 2024 : retour sur la Conférence du Dr Jean-Loup Mouysset

Le premier Congrès International du Jeûne, qui s’est déroulé le 9 mars 2024, a été l’occasion d’accueillir un des membres de l’Académie Médicale du Jeûne, le Dr Jean-Loup Mouysset, oncologue et fondateur du Centre Ressource. Il est également l’auteur du livre “Oncologie intégrative - du cancer vers la santé”. Voici quelques éléments clés sur son intervention.

Durant sa conférence, le Dr Jean-Loup Mouysset a présenté son approche intégrative et la place que le jeûne pouvait y avoir. Le patient est ainsi au centre de la prise en charge, maître de sa santé. Les centres ressources proposent des techniques, des interventions non médicamenteuses dans le but d’optimiser la santé de la personne et la rendre ainsi plus forte, plus tolérante aux traitements du cancer.

Parmi les piliers de la santé, l’alimentation et les différentes formes de jeûne ont un grand intérêt en raison de leur influence sur les caractéristiques des cellules cancéreuses. Ces cellules ont 10 caractéristiques principales, avec des sensibilités variables selon le type de cancer :

1. Capacité à se répliquer à l’infini
2. Capacité à favoriser et à utiliser l’inflammation pour promouvoir la cancérogenèse
3. Capacité à métastases
4. Capacité à initier l’angiogenèse
5. Capacité à modifier et à déréguler les gènes
6. Capacité à échapper l’apoptose
7. Capacité à modifier la régulation énergétique
8. Capacité à capter les facteurs de croissance
9. Capacité à ignorer les signaux d’anti-croissance
10. capacité à échapper au système immunitaire

Le jeûne va influer positivement sur toutes ces voies, à l’exception de la 1 et de la 9.

 

Figure 1 : Ciblage thérapeutique des caractéristiques du cancer

Quel type de jeûne est le plus à même d’avoir à la fois une bonne tolérance et une bonne efficacité ?

En cas de cancer, le jeûne cétosique long (c’est à dire tel qu’il est pratiqué par la clinique Buchinger) doit être nécessairement accompagné médicalement et est contre-indiqué en cas de dénutrition. Tout le monde n’est pas capable de supporter un tel jeûne sans perte de poids.

Pour cette raison, les jeûnes avec restriction calorique où l’on va réduire tous les macronutriments (glucides, lipides, protéines) sont intéressants. On y retrouve les différentes formes de jeûne intermittent et le jeûne mimétique où la ration calorique est progressivement diminuée (1200 puis 500 kcal). Ces approches sont généralement acceptables et bien tolérées par les personnes qui ne peuvent effectuer de jeûne cétosique long.

En cas de chimiothérapie, proposer un jeûne de 24 heures avant la cure et 12-24h après ainsi qu’une alimentation cétogène entre les cures est le modèle qui a montré le plus d’efficacité (A review of fasting effects on the response of cancer to chemotherapy). Le jeûne permet ainsi d’améliorer l’efficacité de la chimiothérapie, sa tolérance et de fait de diminuer la progression tumorale. Il permet aux cellules saines de se mettre au repos, les protégeant plus facilement de l’atteinte de la chimiothérapie qui cible les cellules en division. La toxicité sur les globules rouges, plaquettes et globules blancs est diminuée. L’inflammation est un autre paramètre qui va être diminué, notamment au niveau du foie, ce qui entraîne moins de nausées et vomissements.

Des études sur l’aspect préventif du jeûne intermittent

Pour la suite de la conférence, le Dr Jean-Loup Mouysset relate plusieurs études explorant l’aspect préventif du jeûne intermittent sur des groupes de patient.e.s présentant des cancers du sein ou de la prostate et la capacité du jeûne à modifier l’expression des gènes au bout de quelques semaines. Les patient.e.s présentaient moins de stress oxydatif, une diminution des promoteurs du cancer, une réduction des hormones anabolisantes, la diminution de l’aromatisation en œstrogènes des graisses, une amélioration du sommeil. Les effets étaient plus prononcés en cas de dîner pris tôt (vers 20h).

En résumé, le jeûne agit sur 8 des 10 propriétés des cellules cancéreuses en permettant de réduire les facteurs de croissance cancéreux (IGF1, insuline, leptine), en agissant sur l’inflammation qui déprime l’immunité, en diminuant l’angiogenèse, la capacité à métastaser ; en améliorant la réparation de l’ADN et en favorisant l’apoptose.

Pour retrouver l’intégralité de la conférence du Dr Jean-Loup Mouysset, et des autres intervenants du congrès, sur le site “Le sommet du jeûne”.

Zoom sur le livre “Oncologie intégrative – du cancer vers la santé

Enfin, si vous souhaitez développer vos connaissances sur la médecine intégrative défendue par le Dr Jean-Loup Mouysset, vous pouvez consulter son ouvrage – Oncologie intégrative – Du cancer vers la santé – (de 600 pages !) dont voici la quatrième de couverture :

L’efficacité des traitements conventionnels en cancérologie n’est plus à démontrer. Cependant, ils restent centrés sur la maladie ce qui effraye souvent le patient qui se sent oublié dans son individualité. Parce que la médecine ne traite pas des maladies mais bien des malades, il y a de multiples voies à emprunter vers la guérison.

L’oncologie intégrative permet à la personne touchée par le cancer de devenir actrice de sa santé. Ainsi, un suivi global se met en place, centré sur la personne touchée et son entourage, en associant à une médecine fondée sur des données probantes, une médecine de valeurs qui constitue un soutien essentiel au bien-être du malade. Il est confirmé que l’apport non médicamenteux peut intensifier l’efficacité du traitement allopathique, donner du sens à ce processus souvent pénible et offrir de la vie à la survie.

Si ce livre ne donne pas de recettes miracles, il vous indiquera quelle aide rechercher et quelles approches complémentaires peuvent vous être bénéfiques.

Pour se le procurer, rendez-vous ICI sur le site des Editions Dangles

 

Un grand merci au Dr Ludivine Buhler, médecin généraliste et membre de l’Académie Médicale du Jeûne, pour la rédaction de cet article !